"Dom Juan" de Molière


  • Présentation de l'auteur 
Molière, né sous le nom de Jean-Baptiste Poquelin en 1622 et mort en 1673 à Paris, est un dramaturge et comédien jouant dans "La troupe du Roy" et bénéficiant de la protection du roi Louis XIV, d'où le nom de sa troupe. Il a écrit bon nombre de comédies sur fond de critiques sociales, telles que l'Avare dans laquelle il critique l'aliénation par l'argent, Les Fourberies de Scapin où il critique les dévots religieux et leur hypocrisie ou encore Les Précieuses Ridicules qui critiquent la mode de la  préciosité. 




  • Présentation de l'oeuvre

Dans Dom Juan, Molière met en scène un séducteur cynique refusant de se plier aux normes imposées par la société, quoiqu'il lui en coûte.

  • Extrait de l'Acte I, scène II 

Dom Juan: Eh bien, je te donne la liberté de parler, et de me dire tes sentiments.

Sganarelle: En ce cas, Monsieur, je vous dirai franchement que je n'approuve point votre méthode, et que je trouve fort vilain d'aimer de tous côtés comme vous faites.

Don Juan et Zerline
Par Dominique Papéty
Dom Juan: Quoi ? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort  dès sa jeunesse, à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux : non, non, la constance n'est bonne que pour des ridicules, toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première, ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos coeurs. Pour moi, la beauté me ravit partout, où je la trouve ; et je cède facilement à cette douce violence, dont elle nous entraîne ; j'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle, n'engage point mon âme à faire injustice aux autres ; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages, et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon coeur à tout ce que je vois d'aimable, et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le coeur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait ; à combattre par des transports, par des larmes, et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme, qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules, dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour ; si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre coeur les charmes attrayants d'une conquête à faire. Enfin, il n'est rien de si doux, que de triompher de la résistance d'une belle personne ; et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs, je me sens un coeur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.


  • Questions 

1) Que reproche Sganarelle à Dom Juan ?
2) Comment Dom Juan retourne t-il la situation ? Pourquoi parle t-il d'injustice ?
3) Selon lui, quel est le charme de l'amour ? Est-ce une relation durable ?
4) À quoi compare t-il l'art de la séduction vers la fin ? Comment se considère t-il ?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire