"Les Fleurs du Mal" de Charles Baudelaire



  • Présentation de l'oeuvre

    Charles Baudelaire (1821-1867) est l'un des plus grands poètes français grâce à son oeuvre majeure "Les Fleurs du Mal", recueil de poésie qui bien que court comparé à l'oeuvre d'un contemporain tel que Victor Hugo fit son succès. Certains thèmes sont récurrents dans ce recueil, comme le mal, la beauté, le bonheur fugitif, l'idéal inaccessible, la violence ou encore la volupté.
    Le poème ci-dessous traite du mythique personnage de Don Juan de Molière, fameux pour ses nombreuses aventures amoureuses et son immoralité. D'ailleurs, ce nom est passé dans le langage courant en français, puisqu'on appelle aujourd'hui un Don Juan un homme qui a beaucoup de succès avec les femmes.

  • Poèmes

                                               Don Juan aux enfers

Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon,

Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène, 
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.

El sueño de Don Juan (Le rêve de Don Juan)
de Frederico Beltrán-Masses
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errants sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.

Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fût son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brilla la douceur de son premier serment.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre,
Se tenait à la barre et coupait le flot noir,
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.

Le poème suivant compare l'homme et la mer, avec ce thème de l'eau qui revient aussi assez souvent chez Baudelaire :       
                                           
                                                  L'homme et la mer


Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mère est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à te plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.


Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondée le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables 
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

  • Questions

1) Pouvez-vous repérer parmi ces deux poèmes certains des thèmes chers à Baudelaire ?
2) Du premier poème, pouvez-vous nommer certains personnages de l'oeuvre de Molière ?
3) Toujours d'après le premier poème, quelle image de Don Juan est donnée ?
4) D'après le second poème, qu'est-ce qui rapproche l'homme de la mer ? Quelles sont les caractéristiques communes à l'homme et à la mer ?


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