- Présentation de l'oeuvre
Albert Camus |
L'Étranger est un roman paru en 1942 et dont la première phrase est l'une des plus célèbres de la littérature française contemporaine : "Aujourd'hui, maman est morte."
Dans ce roman, le personnage principal, Meursault, commet un meurtre sans le vouloir réellement et se fait condamner faute de "jouer le jeu" et de montrer des remords. En effet, bien que le meurtre soit involontaire, on le condamne à mort parce qu'il ne se plie pas aux normes de la société, ce qui se manifeste par exemple lors de l'enterrement de sa mère pour lequel il n'aura pas versé une larme.
- Extrait
Le soir, Marie est venue me chercher et m'a demandé si je voulais me marier avec elle.
J'ai dit que cela m'était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l'aimais. J'ai répondu comme je l'avenus déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l'aimais pas. "Pourquoi m'épouser alors ?" a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n'avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D'ailleurs, c'était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J'ai répondu : "Non". Elle s'est tue un moment et elle m'a regardé en silence. Puis elle a parlé. Elle voulait simplement savoir si j'aurais accepté le même proposition venant d'une autre femme, à qui je serais attaché de la même façon. J'ai dit : "Naturellement."
Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j'étais bizarre, qu'elle m'aimait
sans doute à cause de cela mais que peut être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons. Comme je me taisais, n'ayant rien à ajouter, elle m'a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu'elle voulait se marier avec moi. J'ai répondu que nous le ferions dès qu'elle le voudrait. Je lui ai parlé alors de la proposition du patron et Maris m'a dit qu'elle aimerait connaître Paris. Je lui ai appris que j'y avais vécu dans un temps et elle m'a demandé comment c'était. Je lui ai dit : "C'est sale. Il y a des pigeons et des cours noires. Les gens ont la peau blanche."
Puis nous avons marché et traversé la vile par ses grandes rues. Les femmes étaient belles et j'ai demandé à Marie si elle le remarquait. Elle m'a dit que oui et qu'elle me comprenait. Pendant un moment, nous n'avons plus parlé. Je voulais cependant qu'elle reste avec moi et je lui ai dit que nous pouvions dîner ensemble chez Céleste. Elle en avait bien envie, mais elle avait à faire. Nous étions près de chez moi et je lui ai dit au revoir. Elle m'a regardé : "Tu ne veux pas savoir ce que j'ai à faire ?" Je voulais bien le savoir, mais je n'y avais pas pensé et c'est ce qu'elle avait l'air de me reprocher. Alors, devant mon air empêtré, elle a encore ri et elle a eu vers moi un mouvement de tout le corps pour me tendre sa bouche.
- Questions
1) Qu'attend Marie de Meursault (le narrateur) ?
2) Est-il prêt à lui accorder ? Pourquoi ?
3) Le narrateur a-t-il des réactions "normales" ?
4) Fait-il des efforts pour tenter de dissimuler sa singularité ? Le devrait-il ?
5) Toute vérité est-elle bonne à dire ?
6) Peut-on se permettre de ne pas se conformer aux normes de la société ?
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